En aparté : Anne Eliayan & Christian Pic

Artistes plasticiens installés en Arles, Anne Eliayan et Christian Pic ont uni leurs talents pour explorer un chemin artistique commun. Leur processus créatif combine photographie, dessin et manipulation numérique, aboutissant à des œuvres sur papier ou sur divers supports tels que l'aluminium ou le plexiglas.

À La Grande Motte, ils présentent le fruit de leur travail sur les quatre saisons, intitulé "Nature & Modénatures".

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos débuts dans le milieu artistique ? 

Anne Eliayan : Christian et moi avons des parcours similaires, avec une vocation initialement contrariée… Nos parents respectifs souhaitaient que nous poursuivions des carrières plus traditionnelles alors que, très tôt, nous souhaitions tous deux devenir artistes. Il y a une dizaine d’années, j’ai créé la marque Arles Gallery, qui était à l’origine une galerie consacrée à la photographie arlésienne. Aujourd’hui, c’est un lieu de création thématique, à la fois philosophique et poétique. 

Christian m’a rapidement rejoint pour un projet de livre sur les sentiments oubliés, basé sur des photos réalisées avec des danseurs d’une compagnie mondialement connue. Ce livre a été édité, épuisé, puis réédité deux fois, et l’exposition qui en a découlé a connu un grand succès, voyageant même à l’étranger. C’est ainsi que notre aventure commune a commencé. Par la suite, nous avons créé une maison d’édition, “Vivre livre, vivre libre”, qui publie notamment le livre accompagnant cette exposition estivale à La Grande Motte. 

Comment organisez-vous votre création à deux ? 

Christian Pic : Nous nous complétons parfaitement avec Anne. Au début de notre collaboration, j’ai appris la photographie avec elle, tandis que je lui ai partagé mes techniques de peinture. Aujourd’hui, il est difficile de distinguer qui prend les photos et qui retravaille l’image. Nous ne nous interdisons aucune direction et nous nous écoutons mutuellement. Si l’un de nous a une idée, l’autre suit et apporte sa contribution. Pour cette exposition, nous présentons principalement des photos imprimées, colorisées à la main, puis à nouveau scannées et travaillées numériquement. 

Quel regard portez-vous sur La Grande Motte ? Qu’évoque-t-elle pour vous ? 

Anne Eliayan : Pendant la période dorée des congés payés dans les années 70, je passais tout le mois d’août à la mer avec mes parents. J’ai vu La Grande Motte se construire et évoluer. Cette ville est, en quelque sorte, ma madeleine de Proust. 

Christian Pic : J’ai découvert La Grande Motte il y a quelques années. Avec mon doctorat en anthropologie, j’ai été profondément touché par la démarche de Jean Balladur. J’ai beaucoup travaillé sur l’architecture, la Cité radieuse, Le Corbusier, la place de l’homme… J’étais donc déjà familier avec ces concepts. Nos visites avec Anne ont révélé deux perspectives très différentes : l’une plus affective, l’autre plus scientifique. Mais, au final, nous avons voulu transmettre notre admiration et notre amour pour La Grande Motte. 

Cette exposition est-elle une invitation à mieux découvrir la ville ? 

Christian Pic : Nous avons tous deux découvert des particularités à hauteur d’œil et nous souhaitons que les visiteurs puissent se promener dans la ville et voir ce que nous avons vu. Structures, couleurs, courbes… il y a de nombreux éléments à découvrir. Le livre qui accompagne l’exposition évoque ce vagabondage. À chaque visite, La Grande Motte révèle sa modernité et son intemporalité unique. 

Anne Eliayan : Nous espérons que les Grand-Mottois apprécieront notre réinterprétation de leur ville. Nous n’avons pas respecté les couleurs habituelles comme le bleu, le vert ou le violet, mais avons choisi des teintes plus vives, vues à travers les yeux d’un enfant. La structure des photographies est intacte, mais les couleurs ont été accentuées et retravaillées. Ce n’est pas un reportage ; cette exposition contient une grande part d’imaginaire. 

L’exposition est accessible en entrée libre du 10 juillet au 25 août du mardi au dimanche de 10h et 13h & de 15h à 19h à l‘espace Michèle Goalard, Capitainerie du port de La Grande Motte.

Actualité publiée le mardi 02 juillet 2024